Pourquoi il faut soutenir le Haut-Karabagh

Stepanakert, capitale du Haut-Karabagh
Stepanakert, capitale du Haut-Karabagh

Enclave arménienne en Azerbaïdjan, république autodéterminée, ce petit pays se développe vite, et surtout avec un modèle social qui associe toute la population à la croissance. Par Jean-Paul Bret, Maire de Villeurbanne, ancien député, François Pupponi, Député-Maire (PS) de Sarcelles, Jean-Marc Germain, Député (PS) des Hauts-de-Seine.

Source: la Tribune – 11 septembre 2015

Nous sommes plusieurs élus français – députés, sénateurs ou élus locaux – à soutenir le développement de la jeune République du Haut-Karabagh en ayant intégré le Cercle d’Amitié France-Karabagh. A l’heure où la crise redouble en Europe, le moment nous semble propice d’expliquer les raisons d’un tel engagement.

La République du Haut-Karabagh, c’est 150 000 habitants sur un territoire de la taille de deux départements français, située au Caucase du Sud entre l’Arménie, l’Azerbaïdjan et l’Iran. Ce pays autodéterminé qui n’a pas encore atteint le stade de la reconnaissance internationale ne présente pas stricto sensu d’intérêt stratégique pour la France ; il représente plus et il représente mieux car il a fait de la France un modèle de développement.

Les bénéfices de la démocratie sociale

Notre pays s’est construit par la recherche d’une prospérité partagée, dans le cadre d’une économie qui associe la liberté d’entreprendre au progrès social pour maintenir la cohésion de notre société.

Partout, et aujourd’hui jusqu’en Europe même, nous pouvons constater les dégâts qu’infligent au corps social des modèles de développement par trop déséquilibrés et inéquitables pour les citoyens. Si nous soutenons le Haut-Karabagh, c’est parce que les bénéfices de la démocratie sociale y sont incommensurables au regard des modestes investissements qu’elle exige. Si nous soutenons le Haut-Karabagh, c’est parce que ses autorités s’efforcent de – et jusqu’à présent parviennent à – développer le pays sur la base d’une croissance mesurée, soutenable et surtout partagée ; c’est sur cette base saine que toute nation empreinte de fraternité ne devrait jamais sacrifier sur l’autel de chimères dérégulatrices.

Une population associée aux bénéfices de la croissance

Au Haut-Karabagh, le taux de croissance est de 10% par an depuis 10 ans. Le pays part de loin et rattrape son retard avec un PIB par habitant de 3000 euros qui avoisine désormais celui du Maroc. Il s’agit d’une croissance soutenue mais non pas d’une croissance sauvage car l’État y a conservé son rôle de régulation et de planification. Les nécessaires efforts de reconstruction qui ont drainé une part importante de l’activité ne s’y sont jamais réalisés au détriment de l’agriculture, garante de l’autosuffisance alimentaire, et donc de la sécurité de la population.

Activité de haute technologie

Mieux, l’Etat-stratège favorise aujourd’hui le développement d’activités tertiaires et de hautes technologies qui permettront demain de sortir le pays de son isolement.
Le résultat net de cette politique responsable, c’est que le Haut-Karabagh maintient un taux d’activité enviable avec 65 000 emplois salariés pour un taux de chômage inférieur à 5% et un solde migratoire désormais positif. En outre, la politique de justice sociale conduite par les gouvernements successifs du pays fait que le revenu moyen des habitants du pays est désormais comparable à celui de l’Arménie ou de l’Azerbaïdjan voisin, pays pourtant plus riche mais où les mécanismes de redistribution sont notablement moins opérants. Et dans cette République du Haut-Karabagh, pays au corps social apaisé par la perspective de meilleurs lendemains, l’État se désendette et ne dépend plus autant qu’avant de l’aide de l’Arménie.

Conjuguer les développements locaux pour consolider la démocratie

Nous saluons la volonté du Haut-Karabakh de s’engager dans le cercle vertueux des réformes démocratiques, en dépit du handicap que constitue pour lui, pour l’instant, l’absence de reconnaissance internationale. Pour notre part, nous nous reconnaissons dans ces orientations ; les chartes d’amitié signées à Villeurbanne comme à Sarcelles avec des villes karabaghiotes symbolisent ce soutien dans le cadre de la démocratie locale qui, au Haut-Karabagh comme dans toutes les autres sociétés libres, participe de manière importante à la démocratie.

En mettant en œuvre ces Chartes d’amitié, qui se conçoivent résolument comme des instruments de partenariat économique et social, nous conjuguerons le développement local des entreprises de nos territoires avec les besoins des régions du Haut-Karabagh. Cette perspective est d’autant plus à notre portée que le Haut-Karabakh déjà très francophile développe désormais une politique très volontariste de francophonie.
A l’heure des dérèglements du monde, c’est par la création de liens locaux que passent le désenclavement des mentalités et l’ouverture réciproque des nations, vers un objectif commun de progrès équilibré partagé par tous et profitable à chacun. A cet égard, le Haut-Karabagh a valeur d’exemple et appelle à l’espérance.

Jean-Paul Bret, Maire de Villeurbanne, ancien député
François Pupponi, Député-Maire de Sarcelles
Jean-Marc Germain, Député des Hauts-de-Seine