Soutenir la paix et le développement dans le Haut-Karabagh

Article publié par le Huffington Post, le 6 avril 2013

Le Haut-Karabagh n’évoquera probablement rien à la plupart de nos compatriotes. C’est pourtant là, aux confins de ce Caucase méconnu et oublié, que voici vingt-cinq ans, prit naissance un mouvement populaire, un mouvement de liberté et d’espoir qui devait aboutir à la chute de l’ancienne URSS.

Depuis lors, le Haut-Karabagh aura tout connu: le pire jusqu’en 1994 avec une guerre d’indépendance qui fit des milliers de morts et détruisit des infrastructures du pays, le meilleur depuis avec l’édification d’une nation jeune et enthousiaste au sein d’un Etat nouveau et plus démocratique que ceux du voisinage du Caucase du Sud.

Depuis son indépendance, la République du Haut-Karabagh procède à des élections ouvertes et un nombre substantiel (trente pour cent) de femmes sont ministres ou députées, un acquis qui détonne dans la région.

Mais si le Haut-Karabagh a gagné sa liberté, c’est toute la région qui doit maintenant gagner la paix, c’est-à-dire transformer l’armistice précaire qui prévaut actuellement en traité de paix et d’amitié régionale. A cet égard, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a mis en place le « groupe de Minsk » que copréside la France, aux côtés de la Russie et des Etats-Unis. C’est pour notre pays un honneur et c’est une lourde responsabilité.

C’est un honneur car qui mieux que la France saurait promouvoir ces valeurs de paix, de justice et de démocratie qui fondent, dans le respect de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, le droit de tous les peuples de la région -y compris de celui de Haut-Karabagh- à l’autodétermination?

C’est une lourde responsabilité car nous savons qu’il n’y aura ni stabilité, ni sécurité régionale, ni a fortiori développement économique et humain tant que la défiance prévaudra, tant que le dialogue ne primera pas et tant que l’exemple de la construction démocratique opérée au Haut-Karabagh n’aura pas atteint l’ensemble des nations voisines qui, elles-aussi, aspirent à la liberté et récusent les discours de haine.

C’est dans l’idée de soutenir le groupe de Minsk, de relayer la voix de la France et d’accompagner la transition démocratique de toute la région que nous avons décidé -responsables politiques français de tous bords- de créer un Cercle d’Amitié de la République du Haut Karabagh. Ce Cercle se veut ouvert à toutes les bonnes volontés, c’est-à-dire à tous les élus qui, comme nous, sont convaincus que le meilleur garant de la justice internationale et de la sécurité régionale, c’est le droit inaliénable des peuples à l’autodétermination.

Dans cette noble entreprise, nous ne sommes pas seuls car il y a là comme une évidence de plus en plus partagée. La libre expression des citoyens du Haut-Karabagh ne constitue que le dernier exemple du mouvement d’émancipation qui a légitimement conduit à l’apparition de plus d’une dizaine de nouveaux Etats lors de ce dernier quart de siècle. Et la création d’un groupe d’amitié parlementaire avec le Haut-Karabagh au Parlement lituanien, une initiative que nous saluons chaleureusement, témoigne de la sympathie internationale que suscite l’édification d’une nouvelle démocratie.

Nos objectifs sont clairs et transparents: nous souhaitons contribuer à l’établissement d’une paix juste et durable dans la région. Nous souhaitons que la région du Caucase du Sud devienne la zone d’échange sûre, prospère et dynamique qu’elle mériterait d’être, située à la croisée des mondes européen, russe et moyen-oriental.

Nous souhaitons rompre avec l’isolement qu’endure le peuple du Haut-Karabagh depuis 22 ans afin de l’intégrer comme les autres nations du Caucase du Sud dans les projets régionaux de développement. Aussi nous sommes convaincus que la réalisation de ces objectifs passe par le dialogue, la restauration de la confiance et la propagation des valeurs de justice et de démocratie à l’ensemble des sociétés de la région.

Au Petit Caucase aussi, grâce à la France, la paix est une promesse.

François Rochebloine est député et porte-parole du Cercle d’Amitié France-Karabagh